samedi 6 juillet 2013

Est-ce que j'ai besoin d'un comportementaliste (et à quoi dois-je m'attendre) ?


Un article de mes collègues sur le métier de comportementaliste :

Quand les gens rencontrent des problèmes avec leurs chevaux, ils ont tendance à passer par une série de réponses - certains appellent immédiatement le vétérinaire car, ils soupçonnent, ou veulent exclure, la douleur comme raison pour ce comportement.D'autres pourraient changer l'alimentation du cheval ou commencer à ajouter un complément à leur alimentation, d'autres pourraient se tourner vers un entrainement spécifique ou des méthodes dites éthologiques, faire vérifier la selle, se tourner vers un herboriste ou un aromathérapeute et ainsi de suite. Avec autant de professionnels de l'industrie du cheval, il ne manque pas de gens vers qui se tourner - et cela a des effets à la fois positifs et négatifs pour les chevaux.

Un pourcentage élevé de problèmes de comportement est enraciné dans la douleur. Par exemple, un cheval qui réagit dès que son propriétaire apporte la selle et qui commence à «danser » quand on l'harnache pourrait avoir des problèmes de douleurs associés à la selle ou au fait d'être monté, ou il aurait pu avoir une telle douleur dans le passé. Bien qu'il n'y ait pas de douleur actuellement, le cheval a appris et retenu une association négative entre la selle et la douleur et se comporte en conséquence.
Heureusement, la plupart des personnes dans cette situation appellent le vétérinaire, bien qu'il soit très préoccupant qu'il soit courant pour les propriétaires de ne pas le faire et à la place ils font appel à un autre spécialiste.

Tout professionnel travaillant avec des chevaux devrait travailler en accord avec un vétérinaire et il devrait insister pour que la douleur soit d'abord exclue de la cause du problème, mais certains ne le font pas. Lorsque la douleur est la cause et est traitée, parfois le comportement indésirable disparaît, mais parfois le cheval a besoin d'aide pour réapprendre que la selle est OK.

Beaucoup d'entraineurs et de propriétaires voient l'adoption d'une méthode d'équitation dite "naturelle" ou "éthologique" comme un moyen de résoudre une multitude de problèmes du comportement équin. Cependant, bien que l'entrainement puisse aider dans certaines situations, souvent il ne prend pas en compte la cause du problème, mais aborde plutôt le symptôme.

Par exemple, prenons un cheval qui rue lorsqu'il est monté. Le propriétaire devrait en premier s'assurer qu'il n'y ai pas de douleur, en faisant appel au vétérinaire et en faisant vérifier la selle, puis si besoin il pourrait se tourner vers un autre professionnel - il y a tellement d'options:

-le moniteur suivant la méthode qu'il préconise pourrait suggérer l'entrainement.

-la personne qui pratique l'équitation "éthologique" ou "naturelle" pourrait conseiller que le cheval a besoin de plus de travail au sol afin d'améliorer la relation entre le cheval et le propriétaire avant de reprendre l'équitation

-un entraineur en clicker pourrait suggérer l'utilisation d'un entrainement fondé sur la récompense afin d'améliorer les relations, le travail monté et établir une relation positive avec la selle

-un herboriste pourrait suggérer un supplément qui agirait comme un calmant

Toutes ces approches peuvent être efficaces à un degré plus ou moins grand. Cependant, la seule chose qu'ils ont en commun est l'application d'un outil pour lutter contre la façon dont le problème se manifeste et pas nécessairement la cause du problème.Regarder un problème sous un angle restreint pourrait négliger des questions importantes et pourrait aggraver le problème ou mettre cheval et le propriétaire dans une situation dangereuse.

Les comportementalistes, cependant, adoptent une perspective plus large. C'est seulement en s'attaquant à la cause que nous pouvons résoudre le problème efficacement et en toute sécurité et ainsi nous assurer que nous n'allons pas simplement avoir un autre symptôme qui émergerait.
En outre, il ne serait pas éthique d'entrainer un cheval qui ressent de la douleur ou de la peur (même si vous utilisez un entrainement basé sur la récompense) sans s'attaquer à cette douleur ou à cette peur sous-jacente et il ne serait pas éthique de mettre l'accent sur l'entrainement du cheval si le reste de sa vie est considéré
 comme "malheureux" dû à un management inadéquat puisqu'ils ne sont alors pas en mesure d'apprendre.

De nombreux moniteurs d'équitation, spécialistes du dos, entraineurs, nutritionnistes et autres professionnels devraient prendre en compte le management, avoir une vision globale mais malheureusement la plupart ne le font pas.

Trouver la cause - le processus
Lors d'une consultation le comportementaliste prend d'abord un historique complet - il pose beaucoup de questions et certaines peuvent sembler hors de propos, mais le comportementaliste va construire une image du propriétaire et du cheval, comprenant leur partenariat, l'expérience attitudes et les aspirations du propriétaire, le passé du cheval, ses expériences précédentes qui pourraient être pertinentes d'examiner plus tard, son management, ce qui a été fait pour résoudre le problème jusqu'à présent, toutes les questions de bien-être qui doivent être discutées, tout ce qui met en évidence la nécessité d'impliquer un autre professionnel comme un vétérinaire ou un nutritionniste. Le comportementaliste fournira alors son évaluation des principaux éléments du problème et commencera à parler des approches pour le résoudre.

Il est susceptible aussi d'observer le cheval et son environnement, et peut-être aussi voir la façon dont il est manipulé, entrainé bien que ce soit souvent dans une session ultérieure, selon le problème.
Le comportementaliste va travailler avec le propriétaire pour mettre sur pied un programme de modification du comportement - il est inutile d'imposer un plan aux propriétaires quand ils n'ont pas le temps, ni l'envie de mener à bien les recommandations. Il est vital que le comportementaliste reconnaisse ce problème et s'assure que ses suggestions soient pratiques et soutenues par le propriétaire. Les consultations ne sont pas comme des programmes de télévision

- avec un cheval agressif, ou celui qui rue lorsque vous le montez, il est très peu probable que le comportementaliste suggère que le cheval soit mis dans une situation où il montre ce comportement lors d'une consultation, puisque ce ne serait pas sans danger.

C'est également inutile si le comportementaliste est habile lors des questions.

Considérer les 24 heures de la journée du cheval
L'approche que les comportementalistes utilisent met l'accent sur la vie quotidienne du cheval.
La façon dont nous gardons et gérons nos chevaux est importante pour leur santé physique, leur bien-être mental et affecte la façon dont ils seront capables d'apprendre, de se souvenir et à faire face à ce que nous leur demandons. Les chevaux sont des animaux sociaux avec qui pâturent pendant 16-18 heures par jour, se déplaçant et mangeant peu à peu. 
Quand ils sont gardés dans des box, ces besoins ne sont pas satisfaits et cette «frustration des objectifs» peut se manifester par des problèmes tels que des stéréotypies (tic à l'appui, tic de l'ours, etc.), et des comportements de rebond (cheval qui bondit quand il peut sortir après une période de confinement). Idéalement les chevaux vivraient dehors avec un accès constant 
à un abri / grange. Cependant, ce n'est pas possible pour de nombreux propriétaires de chevaux le défi consiste alors à essayer de répondre aux besoins du cheval, compte tenu des contraintes accès restreint pour brouter ou le centre équestre typique. Des suggestions pour l'enrichissement des écuries et des pâturages sont largement disponibles sur internet ou sur certains articles. 
Ça ne cessera jamais de m'étonner de voir combien de problèmes de comportement se dissolvent lorsque le management du cheval est arrangé de sorte qu'il mène une vie plus naturelle même si d'autres programmes d'entrainement peuvent être nécessaires.
Le cheval est alors dans une bien meilleure position pour les commencer, une fois qu'il est heureux dans l'environnement dans lequel il / elle est maintenue.

Aller au fond du problème
Alors, qu'en est-il des problèmes qui subsistent une fois que le management a été amélioré?

Les comportementalistes considèrent toutes les raisons possibles pour le développement du comportement qui pose problème et proposent des méthodes pour le résoudre. Il y a cinq éléments principaux dans ce processus:

Est-ce que le comportement est normal? Considérer si le comportement est normal, normal mais hors contexte ou anormal, aide à comprendre la cause du problème. De nombreux comportements sont normaux pour les chevaux mais ne sont pas désirés. Par exemple, manger une petite quantité d'écorce est normal pour un cheval (l'alimentation des chevaux contient naturellement 10% d'arbres et arbustes), mais si votre cheval mange votre pommier c'est anormal.

Le comportement peut être normal, mais hors contexte - manger une petite quantité d'écorce / bois est normale, mais dévorer sa porte d'écurie ne l'est pas! ou le comportement pourrait être anormal - manger des substances non nutritives telles que du plastique (connu sous le nom pica) . Il est important de comprendre dans quelle catégorie le comportement tombe avant d'envisager comment le modifier, fournir une alternative ou le prévenir et les comportementalistes utilisent leur connaissance approfondie du comportement équin pour diagnostiquer le problème.


Quel apprentissage est impliqué? Les chevaux apprennent de beaucoup de façons différentes et les comportementalistes en ont une compréhension complète, ce qui est important quand on considère comment les entrainer à faire quelque chose de différent. Si le comportement est devenu «automatique» (classiquement conditionné), alors il devra être abordé d'une manière différente de si le cheval en est encore à apprendre sur un objet ou une expérience. Si l'animal a développé une phobie de quelque chose, alors ça nécessite une solution différente de si le cheval est juste inquiet de quelque chose.


Quelle est la physiologie pertinente? Une bonne compréhension de la physiologie est importante.
Par exemple, la chimie impliquée dans la biologie de l'agression signifie que le mouvement peut faire empirer les choses, il est donc important de faire un travail lent ou stationnaire avec des chevaux qui ont des tendances agressives. Il y a certaines physiologies associées aux stéréotypies qui rendent ces comportements «addictifs» qui peuvent nécessiter certains médicaments ainsi qu'une thérapie comportementale et de nombreux comportements sexuels ont des aspects physiologiques qui doivent être considérés afin de fournir un plan d'action approprié.

Le bien-être du cheval est il compromis? La sécurité du propriétaire et du cheval et le bien-être de l'animal sont d'une importance primordiale. Si un cheval souffre du management ou  du régime d'entrainement le
comportementaliste devra travailler avec le propriétaire pour régler cette question prioritaire.

Quelle est la nature de la relation propriétaire-cheval? Les comportementalistes ont suivi des cours et ont développé des compétences dans le domaine du conseil, souvent une partie du problème réside dans la perception que le propriétaire a du problème, la confiance qu'il a en lui-même, ses propres peurs, ses préoccupations et ses attentes. L'élément humain doit être pris en compte.


Ces cinq éléments sont mis ensemble pour construire un plan d'action pour le propriétaire, avec l'aide et le soutien du comportementaliste. Ceci est susceptible d'entraîner des modifications dans le management, des exercices d'entrainement et de manipulation, et bien sûr la contribution des vétérinaires ou d'autres professionnels au besoin pour assurer que la cause de ce comportement est adressée.

Source: http://www.ebta.co.uk/faq-behaviourist.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire