dimanche 30 juin 2013

Agir sur la mère pour éduquer le poulain ?


Une étude confirme l’intérêt d’agir sur la mère pour éduquer son poulain

Une étude présentée lors de la dernière Journée de recherche équine met en avant le rôle passif de la mère dans l’éducation du poulain par l’Homme. La réalisation des manipulations sur la jument pourrait faciliter leur acceptation par le poulain ainsi familiarisé et rassuré sur la tâche.


«Deux modalités sont possibles pour éduquer un poulain : la confiance ou la contrainte », a indiqué Carole Stankey, de l’UMRCNR éthologie-évolution-écologie de l’université de Rennes,lors de la dernière Journée de recherche équine, organisée parles Haras nationaux, le 8 mars, à Paris.

«Les poulains des juments manipulées de façon positive ont tous réussi dans l’apprentissage des tâches alors que ceux des juments qui ont fait l’objet de manipulations complémentaires contraignantes ont tous échoué.»

Pour évaluer les effets de la première méthode, celle qui mise sur la confiance, une étude a été réalisée sur 22 poulains, âgés de 1 à 6 mois, et a évalué l’impact de la démonstration sur leur mère pour l’apprentissage de quatre tâches courantes : mise du licol, marche en main, brossage, prise des pieds. Chez la moitié des poulains, un expérimentateur effectuait au préalable ces actions sur la mère en présence du poulain avant de les pratiquer sur le jeune équidé. L’autre moitié a servi de lot témoin, les tâches étant directement effectuées sur les poulains sans démonstration maternelle préalable.

L’expérience a suivi une chronologie logique : à 1 mois, pose du licol, à 2 mois, marche en main, à 3 mois, brossage et à 4 mois, prise des pieds. Pour chaque tâche, le poulain subissait un entraînement de 9 jours, sans manipulations forcées, par étapes progressives, puis faisait l’objet d’une évaluation le 10e jour. En cas d’échec, la tâche était imposée par la contrainte. Un test de mémorisation était effectué à la veille de chaque nouvel apprentissage.

Au vu des résultats observés dans les deux lots, l’intervenante a signalé « une proximité accrue et durable envers l’Homme des poulains ayant vu l’expérimentation sur leur mère ». En ce qui concerne la pose du licol et la marche en main, la proportion d’animaux chez lesquels la tâche a été réalisée avec succès au bout de 10 jours était également plus élevée dans le lot avec les manipulations sur la mère. Pour les deux autres tâches, la réussite a été de 100 % dans les deux cas.

Ces résultats confirment la difficulté de la première étape de l’apprentissage, la pose du licol, qui est la plus problématique.

Impact négatif des manipulations forcées

Carole Sankey a précisé que certaines juments avaient subi des interventions complémentaires, positives ou négatives, non prévues dans le protocole initial. Les poulains des juments manipulées de façon positive ont tous réussi dans l’apprentissage des quatre tâches alors que ceux des juments qui ont fait l’objet de manipulations complémentaires contraignantes ont tous échoué. « Les manipulations forcées sur la mère se traduisent négativement sur le poulain en entraînant méfiance et moins bonne mémorisation », a souligné la conférencière.

L’étude a également permis aux expérimentateurs de visualiser les effets néfastes de l’apprentissage par la contrainte. En effet, les poulains à qui on a imposé la pose du licol au 10e jour faute de réussite spontanée ont mis plus longtemps à mémoriser la tâche. Le temps d’approche du jeune animal a également été allongé.

« La démonstration sur le modèle maternel, surtout si les tâches sont difficiles, présente donc un intérêt », a conclu la conférencière.Cette observation est à double tranchant car l’expérience a montré que l’attitude de la mère vis-à-vis de l’Homme était susceptible de moduler ces effets.

Pour expliquer les résultats obtenus, Carole Sankey a émis deux hypothèses : soit le poulain a appris par l’observation, soit le comportement positif de la mère a permis d’instaurer une relation de confiance qui a conduit à l’acceptation spontanée
du contact sous toutes ses formes par le poulain.


Source
La dépêche vétérinaire N°951 du 25 août au 31 août 2007 Auteur Maud Lafon
Human–mare relationships and behaviour of foals toward humans: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159105000286


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